Solus homo nudus, solum animal sapiens. Théories humanistes du nu (XVe-XVIe siècles), Turnhout, Brepols, 2021, 499 p. 31 pl. en coul. (« Philosophie hellénistique et romaine », 14). (c.r. Jérôme Cottin, Revue d’histoire et de philosophie religieuses 104/4, 2024, p. 511-512. Ouvrage issu d’une thèse de Sorbonne Université, comptant 33 pages de bibliographie dont 11 de littérature primaire. L’A. analyse les nombreuses théories du nu élaborées à la Renaissance, inspirées des philosophes et médecins antiques (Aristote et Ps.-Aristote des Physiognomica, Philostrate, Celse, Galien, Polémon de Laodicée, Théophraste, Quintilien, Cicéron, Hippocrate), complétées et affinées. Elles couvrent trois domaines auxquels correspondent les parties de l’ouvrage : la symétrie (le nu, microcosme), l’anatomie (le nu, organisme) et la physiognomonie (le nu, signe de l’âme).
Les théoriciens du corps à la Renaissance sont des humanistes qui ont aussi inspiré la représentation du corps à leur époque : Leon Battista Alberti, l’Arétin, Benvenuto Cellini, Cennino Cennini, Giovan Battista Della Porta, Giorgio Vasari, Vitruve, André Vesale, mais aussi Averroès et Avicenne et quelques artistes auteurs de traités sur l’art : Léonard de Vinci, Albrecht Dürer, Piero della Francesca, Lorenzo Ghiberti, Pierre-Paul Rubens.
Le nu 1) est un mode de représentation de la figure humaine. 2) Il comprend trois « genres », mis en évidence dans l’art : le féminin, le masculin et l’enfant. 3. L’art du nu conjugue la symétrie, l’anatomie et la physiognomonie. Cette étude n’est pas uniquement historique. L’A. montre l’insuffisance de la théorie esthétique la plus récente du nu, celle de Kenneth Clark, The Nude, 1956. Sa distinction entre nudité (nakedeness), imparfaite et temporelle, et nu (Nude), idéal et permanent, peut être réfutée au regard des sources, mais aussi des études postérieures, inspirées en particulier par la psychanalyse (Didi-Hubermann) : « le nu a éclaté en une multitude de nudités relatives au point de vue, aux codes de pudeur, aux pulsions qui président à la genèse des œuvres ou à leur réception » (p. 64).
Pour le théologien de l’art, à retenir que, parmi ces théoriciens du nu de la Renaissance, on ne trouve presque aucun théologien. Ces humanistes sont pour la plupart sitaliens ou originaires du sud de l’Europe, à l’exception de Dürer. La Réforme ne s’est pas distinguée par sa pensée du corps nu, bien que son principal représentant dans les arts visuels, Lucas Cranach, ait été l’un des premiers à peindre la nudité intégrale de figures féminines. Cranach, pourtant, à la différenced de Dürer, ne s’était pas rendu en Italie et les raisons de sa position avancée et isolée dans la Réforme restent « une énigme ». La nudité humaine fut souvent montrée dans l’art contemporain ; sa représentation n’était pas d’abord érotique (quoique la dimension sensuelle ne soit pas absente) ; elle signifiait surtout l’humanité de la personne, qui n’a pas simplement un corps, mais qui est un corps. De plus, le Christ a été crucifié nu [le perizonium est un ajout iconographique]).
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Jean-Pierre Rothschild (31 janvier 2025). Séris (Émilie) [monogr.], Quid sit homo. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/137s7