Exploring an Uncharted Scholastic Philosophical Genre Across Europe, Turnhout, Brepols, 2024, 2 vol., 1204 p., 1 ill. en noir et blanc (« Studia Sententiarum », 7). [En tant qu’exercice universitaire, les principia relient les idées, les textes, les auteurs et les institutions à travers les temps. L’étude du corpus des principia conservés met en lumière la créativité philosophique des facultés de théologie. Ainsi, les articles ici rassemblés, outre qu’ils traitent des aspects structurels des principia, étudient également les idées philosophiques et théologiques défendues et attaquées à l’occasion des principaux débats, les sujets et les images mis en œuvre dans ces discours. Il est rendu compte de l’usage par les théologiens de moyens rhétoriques, philosophiques et dialectiques non de manière individuelle, mais en tant que membres du groupe des sententiarii ; de leur conformisme ou de leur subversion à l’égard des conventions de l’exercice, au service d’une communauté plus étendue. Il en résulte parfois de surprenantes manifestations d’innovation philosophique et de franc-parler, d’autrefois une répétition machinale de tropes fatigués et d’enseignements tenus pour des vérités éternelles. Dans les deux cas, il s’agit de la réalité mouvante de ces livres des Sentences que les théologiens tenaient pour des fleuves de sagesse]. Notice de QSH. Ce recueil, qui procède d’une rencontre tenue à l’IRHT en 2015, contient : [t. I] « Introduction », p. IX-XXVII [propos liminaire et résumés des contributions, que nous exploitons dans ce qui suit] ; Brînzei (Monica), « A Guide for Understanding Principia on the Sentences of Peter Lombard », p. 1-37 [Présentation synthétique de ce type de cérémonie et de ce qu’en reflètent les principia conservés par écrit jusqu’à nous. Il s’agit de textes très techniques et très complexes, de lecture, de compréhension et d’interprétation difficiles, que ce guide se propose de rendre plus accessibles en en exposant certains aspects techniques. Au XIVe siècle, la pratique, parvenue à sa maturité, comporte une formule-type aisément reconnaissable : un sermon, enrichi d’une quaestio collativa qui lui est reliée par une protestatio et une gratiarum actio assure la conclusion. On en présente ici des exemples. Cette vue d’ensemble devrait fournir les moyens d’identifier des principia non encore reconnus parmi les innombrables sermons et questions disputées qui sont conservés]. – [Ie partie/ 1], « Paris » : Courtenay (William J.), « The Transformation of Sentential Principia in the Early Fourteenth Century », p. 41-63 [Étude du moment, crucial dans l’évolution de l’organisation du baccalauréat de la faculté de théologie, auquel, dans les principia, le sermon seul céda la place à une structure duelle, sermo et quaestio collativa. Ce fut, semble-t-il, dans la deuxième décennie du siècle. Auparavant, d’autres termes comme introitus désignaient le sermo mais aussi, parfois, les premières leçons sur les Sentences, et la stabilité de leurs sens n’est pas assurée. Le débat avec les socii, connu sous le nom de quaestiones collativae et de replicationes, est devenu la règle après 1320, mais on ignore à quel moment exact les bacheliers furent tenus de commencer leur année de sententiarii par un débat public. Éphrem Longpré avait soutenu que la Reportatio Parisiensis de Jean Duns Scot témoignait d’un débat de ce genre, par ses références aux arguments d’un socius qu’il proposait de reconnaître en Bernard d’Auvergne, pourtant bachelier formatus et non sententiarius à l’époque de l’enseignement de Duns Scot. Le Tractatus primus de Walter Burley peut aussi être une quaestio collativa réemployée et l’on trouve des traces de même genre chez Pierre Auriol en 1317-1318. Mais les preuves les plus convaincantes sont fournies par les cas de Dionysius de Borgo Sansepolcro O.E.S.A. en 1317-1318, Landulphus Caracciolo en 1318-1319 et François de la Marche en 1319-1320. Après 1320, les matériaux de la dispute de la quaestio collativa furent plus souvent conservés par les auteurs et atteignirent un public plus large] ; Wöller (Florian), « Inaugural Speeches by Bachelors of Theology. Principial Collationes and their Transmission (1317-1319) », p. 65-107 [Étude des discours qui précédaient les débats principiaux chez Pierre Auriol O.F.M., Dionysius de Borgo Sansepolcro O.E.S.A. et Landulphus Caracciolus O.F.M., qui tous lurent les Sentences à Paris entre 1317 et 1319. Une présentation technique de la structure du sermon ou collatio précède des considérations sur l’incohérence de la terminologie de ces textes, qu’il serait plus approprié de nommer collationes principiorum, suivant la suggestion de Damasus Trapp. La lecture en parallèle des collationes principiorum de ces trois auteurs lui permet de constater la métamorphose du genre entre la tenue orale et la mise par écrit et la transmission des sermons ; révèle aussi la complexité de la pratique et l’usage reçu de la rhétorique parmi les théologiens. Suivent les éditions de deux collationes, celles d’Auriol sur le livre II et de Caracciolo sur le livre I] ; Schabel (Chris), « Francis of Marchia on Instrumental Causality. The Conclusion to Principium in IV in Question 2 on IV Sentences », p. 109-145 [L’une des plus anciennes collections conservées de questions principielles est celle de François de la Marche, qui « lut » à Paris en 1319-1320, sans doute à la suite de Pierre Auriol, O.F.M. Les quatre questions, conservées dans les manuscrits de Madrid, BN 504 et 517 dans l’ordre traditionnel I-IV-II-III, ont été publiées par Nazareno Mariani. On montre ici que chacune des questions, telles qu’elles nous sont parvenues, est incomplète d’une manière ou d’une autre. Si leurs titres correspondent aux thèmes des quatre livres, les contenus subsistants s’appuient sur des raisonnements par syllogismes en théologie, sujet principial de François, mais manquent à chaque fois à atteindre le quaesitum promis. À la différence des livres I et II dans lesquels les questions principiales incomplètes sont réemployées en tant que premières questions de ces livres, la qu. 1 du l. IV est le début de la réponse au quaesitum et renferme la plus célèbre doctrine de François, regardant la virtus derelicta en physique et en cosmologie. Le présent article montre que la qu. 2 poursuit le traitement de la virtus derelicta, complétant la réponse au principium du l. IV ; l’A. estime qu’elles ont dû être reprises de la version orale, ou même écrite, de ce principium, ou qu’au moins elles ont servi à terminer son propos oral. L’édition critique de la version longue de la qu. 2 est procurée en appendice] ; Schabel (Chris), « The Genre Matures. Parisian Principia in the 1340s, from Gregory of Rimini to Pierre Ceffons », p. 147-260 [Démontre la manière dont les textes principiaux parisiens peuvent compléter la connaissance des courants philosophiques et des pratiques universitaires. À partir d’une approche archéologique, l’A. rassemble l’information regardant les principia des années universitaires 1343-1344, 1344-1345 et 1348-1349. À l’aide de lettres pontificales, d’autres documents et des rotuli universitaires, il reconstitue la chaîne prosopographique, identifie la plupart des socii ayant pris part aux débats principiaux de ces années et dresse le portrait biographique et intellectuel de chacun d’eux. Il s’agit pour 1343-1344 de Grégoire de Rimini O.E.S.A., François de Bellune O.P., John Rathe Scotus, séculier ; pour 1344-1345, de Paul de Pérouse O.Carm., Jean de Blois O.S.B., Fernand Johannis, séculier du Collège de Sorbonne, des séculiers Robert de Corbie, Alphonsus Dionysii de Lisbonne et Jean Ferrati, du cistercien Jean de Mirecourt, du dominicain Guillaume de Musnier, du franciscain Barthélemi ou Bertolus et de l’augustin Alphonsus Vargas of Toledo ; pour 1348-1349, de Petrus de Turribus O.Carm., Nicolas, prieur du Pecq, O.S.B., Grimier Boniface de Rouen, séculier;, Jean Charel d’Aubepierre, séculier, Collège de Navarre, Laurent d’Yves, séculier, Jean Maheu de Signéville, séculier, prieur du Collège de Sorbonne, Pierre Ceffons O.Cist., Barthélemy d’Anizy O.P., Ascencius de Sainte-Colombe O.F.M., Hugolin d’Orvieto O.E.S.A. L’A. fournit aussi un panorama des doctrines soutenues et des thèses défendues par les bacheliers, illustrant la diversité philosophique et théologique des débats principiaux : il est question de la perfection des species, du temps et des instants, de la connaissance intuitive et abstractive, de la vision béatifique, du salut de Judas, de l’infaillibilité de l’Église, du statut ontologique du péché et du mal, de la cause du mérite, de la possibilité d’une rétribution intensivement infinie, de la participation de Dieu aux bonnes actions des hommes, de la contingence de l’incarnation du Christ, de la largeur de la grâce, du déterminisme, de la prédestination, etc. L’A. expose les séries complètes de principia de Mirecourt, Ceffons et Hugolino ; montre que Rimini, Vargas et Paul de Pérouse ont pris le parti d’incorporer des matériaux de leurs principia à leurs questions écrites sur lese Sentences. Les données de ces deux types de source principiale, sans précédent avant les années 1340, fournissent une riche information sur la pratique des principia, sur l’ordre d’entrée des participants dans le combat, commençant par les carmélites et s’achevant avec les augustins, et sur la matérialité des échanges entre les bacheliers] ; Schabel (Chris), « The Forgotten Principia of a Forgotten Theologian. Jean de Moyenneville, 1356-1357, and Parisian Theology in the Late 1350s », p. 261-366 [Palémon Glorieux a utilisé deux cahiers d’étudiants, les manuscrits Paris, BN(F), lat. 16408 et lat. 16409, afin de reconstituer ce qu’il a appelé l’éducation d’un maître en théologie du XIVe siècle ; en qui il a voulu reconnaître Jean de Falisca. Le regretté Zénon Kałuza a restitué ces cahiers à Étienne Gaudet. On montre à présent, ici, qu’une suite d’erreurs de lecture de Glorieux dans ces mêmes cahiers lui a fait ignorer deux principia qu’ils contenaient. Corrigeant Glorieux et parfois aussi Kałuza, l’A. revient sur la chronologie des enseignements successifs : il confirme que Jean de Ripa « lut » les Sentences à Paris en 1354-1355, montre qu’Oresme les lut au plus tard en 1357-1358, identifie une liste complète des socii de Bonsemblans Badoar en 1358-1359, suppose que la lecture des Sentences de Gaudet eut lieu en 1359-1360 et est en mesure de déterminer la chronologie de la formation de Richard Barbe. Les principia de Jean of Moyenneville en 1356-1357 sont reconstitués, avec l’édition des notes de Gaudet, très difficilies et abrégées à l’extrême. Gaudet aura pris en notes les principia de Moyenneville moins peut-être pour leur contenu que comme modèle pour les siens qu’il préparait. Les débats de Moyenneville avec ses socii portent sur des questions alors en vogue à Paris, venues d’Oxford, touchant la liberté de la volonté, la gravité du péché et en particulier le mérite et le démérite par omission] ; Anisie (Alexandra), « Verbum Domini super Iohannem. John Brammart on the Word of God in the Beatific Vision », p. 367-429 [Il s’agit des effets du Grand Schisme à l’université de Paris. Le chapitre général O. Carm. désigna Brammart pour lire les Sentences à Paris en 1380-1381; il apparaît en 1383 comme baccalareus formatus theologie Parisiensis mais, avant de pouvoir tenir son inception de maître en théologie, il fut, avec les autres carmes allemands, obligé par la crise du Grand Schisme à quitter Paris, sans doute pour Bologne, où pourtant il n’apparaît pas parmi les immatriculés ; il apparaît comme maître en théologie en 1384, mais sans indication de lieu d’obtention de ce titre. Ses questions sur les livres I et IV des Sentences sont conservées dans ses leçons parisiennes. Son premier principium ne fait pas référence à des socii, sans doute parce qu’il était le premier carme à tenir un principium. L’A. relève pourtant des traces d’échanges avec des opposants, à propos des species médiatrices de la vision béatifique. Le texte d’ouverture du l. I est un prologue précédé d’un principium dont l’A. identifie le sermo et la quaestio collativa. Brammart ne se contente pas, dans le sermo, de faire l’éloge de Pierre Lombard, mais va jusqu’à le comparer à Aristote tout en insistant sur la contradiction entre les articles de foi et les principes de la philosophie naturelle. La quaestio collativa porte sur la vision béatifique, dont Brammart tente l’analyse philosophique (Utrum Verbum idealis relucentiae a Patre fluens productive perfecte beatificet Iohannem obiective). Il s’intéresse à la psychologie des mots mentaux, à la connaissance des choses créées dans l’esprit divin, au Verbe divin dans la perspective de sa participation à la Trinité et les relations entre l’intellect et la volonté dans la vision béatifique. La dernière partie de l’article porte spécialement sur la vision béatifique selon Brammart, allant de la connaissance de soi par l’esprit humain à la recherche des moyens de sa connaissance de l’essence divine ; il construit sa théorie en opposition à celle du franciscain Jean de Ripa] ; William J. Courtenay, « Principial Cohorts at Paris in the Fourteenth Century », p. 431-471 [Prosopographie des principia parisiens du XIVe siècle et inventaire des textes qui en sont conservés, en vue d’établir la liste année par année des bacheliers ayant débattu. Plus de deux cents noms sont réunis, les uns célèbres (Alfonsus Vargas Toletanus, Grégoire de Rimini, Nicolas d’Autrecourt, Pierre d’Ailly), d’autres presque inconnus] . – [Ie partie/ 2] « Oxford ». Wenzel (Siegfried), « Introductory Speeches on the Sentences by “Frisby” », p. 475-518 [Édition critique d’un ensemble de quatre sermons principiaux et d’un sermo finalis du dominicain Ralph Frisbyqui lut les Sentences à Oxford vers 1320. L’unique témoin, le ms. de Padoue, Bibl. Antoniana 515, contient une série de discours sous forme de sermons caractéristiques du style d’Oxford qui fournissent des éléments techniques déterminants pour l’identification de sermons principiaux. Le discours s’ouvre par un thème biblique dont chaque mot sert à la construction du sermon, parfois bien en vue quand il est inséré dans des divisions rimées qui décrivent les Sentences et la figure de Pierre Lombard. Le schéma des quatre causes aristotéliciennes est employé comme outil rhétorique pour introduire la matière des Sentences. Pour donner de l’attrait à son sermon universitaire, Frisby joue avec les auctoritates et distrait son public avec des passages exotiques du Canon d’Avicenne, des citations de Barthélemy l’Anglais et de spirituels aphorismes moraux d’Urso de Salerne, autant de références très inhabituelles dans ce genre littéraire] ; Dunne (Michael W.), « Between Old and New at Oxford: The Introitus Sententiarum of Richard FitzRalph and the First Collatio of Adam Wodeham », p. 519-535 [Étudie le genre des discours universitaires en rapport avec l’enseignement des Sentences lectures à travers les sermons principiaux du séculier Richard FitzRalph (en 1328-1329) et du franciscain Adam Wodeham (en 1331-1332). Les sermons reflètent le cursus d’Oxford, où les bacheliers en théologie enseignaient les Sentences avant la Bible, au contraire de Paris. Ces sermons confirment la familiarité des sententiarii d’Oxford avec les outils rhétoriques dont ils faisaient assaut entre eux afin de séduire leur public en harmonisant la captatio, l’inventio et l’inflatio. Les sermons principiaux étaient aussi appelés à Oxford introitus aux Sentences ; ils so’uvraient avec un thème biblique et suivaient la classique division thématique quadripartite. FitzRalph reprend la métaphore habituelle du fleuve : il aura pu recourir à un florilège fourni en exempla sur les propriétés des fleuves, dont il traite en grand détail. Wodeham cite 2 R 7, 19 qui fait explicitement référence à Adam (Ista est enim lex Adam, Domine Deus), reflet de la pratique des jeux de mots en usage chez les bacheliers parisiens ; il présente Pierre Lombard en héros, défenseur de la théologie sacrée, combattant contre l’hérésie. Ainsi Oxford, comme ensuite des universités plus récentes, suit en matière de discours inauguraux les usages de Paris] ; Bermon (Pascale), « À la recherche des Principia aux Questions sur les Sentences de Robert Holcot O.P. († 1349) : les Sex articuli et le De obiecto actus credendi », p. 537-566 [À propos des débats dans les principia à Oxford : l’emploi d’un vocabulaire technique conduit l’A. à supposer que la question De obiecto actus credendi et les Sex articuli proviennent des principia de Robert Holcot, tenus en 1331-1332. Les Sex articuli furent imprimés à Lyon en 1497 sous le titre ambigu de Conferentiae (l’équivalent de collationes) et l’histoire antérieure de la transmission du texte est confuse. La mobilité des textes de ce genre philosophique complexe a pu égarer des chercheurs. L’A. observe que Sex articuli n’est pas un titre mais un incipit et que le texte ne comporte que quatre des six articles qu’il annonce. Dans les trois premiers, Holcot répond à son socius dominicain lui aussi William Crathorn et dans le quatrième, au franciscain William Chitterne. Holcot était bachelier sententiaire mais Crathorn et peut-être aussi Chitterne étaient bacheliers bibliques. On voit ainsi que ces derniers, dans leurs leçons inaugurales, pouvaient attaquer leurs cadets sententiarii en qualité de socii et que ceux-ci répliquaient, peut-être aussi dans leurs principia. La confrontation porte sur des thèmes tels que l’objet de la connaissance en tant que complexum, la théorie de l’existence des species, le non-volontarisme et l’ignorance invincible] ; Schabel (Chris), « The Oxford Franciscan Robert Halifax’s Principial Debate over Grace and Merit with His Pelagian Socius and Other Colleagues in 1332-1333 », p. 567-672 [L’A. a montré dans une précédente étude que Robert Holcot avait fait cours sur les Sentences en 1331-1332 en même temps que les sententiarii Adam Wodeham O.F.M., le mertonien William Skelton, Richard Radford, peut-être le carme William d’Eynesham, un bénédictin anonyme et le dominicain John Grafton, qui termina plus tôt et devint biblicus avec Crathorn et Chitterne, tandis que Richard FitzRalph était dans sa première année de maître-régent. L’A. avance à présent des hypothèses regardant l’année suivante, moins bien connue. Outre Thomas Bradwardine dont il édite les questions sur les Sentences avec S. Kitanov, il y avait pour sententiarii le dominicain Roger Gosford, sans doute les séculiers Richard Kilvington et Thomas Felthorp, peut-être John Stuckley ou Roger Swineshead pour les bénédictins, et le franciscain Robert Halifax, qui débattit avec le nouveau maître-régent franciscain John de Rodington. L’étude des témoins du commentaire des Sentences d’Halifax conduit l’A. à redater son enseignement des Sentences à 1332-1333 ; il fournit en appendice une liste de ses questions, articles et thèses d’après l’ensemble des manuscrits. L’ « obsession de la grâce et du mérite » qui fournissait alors à Oxford une bonne part de la matière des débats principiaux était un contexte idéal pour l’innovation philosophique. On présente et l’on édite le compte rendu par Halifax de ses débats avec des socii anonymes et d’autres collègues d’après le manuscrit unique du Vatican, BAV, Vat. lat. 1111. Au cœur du débat se trouve la thèse soutenue par un opposant suivant laquelle quelqu’un, sans la grâce, peut mériter la vie éternelle. Cette opinion devient le prétexte d’une réflexion philosophique originale sur le statut ontologique de la grâce et Halifax commente et tourne en ridicule l’idée qu’elle possède non seulement une existence matérielle et formelle, mais aussi un esse radicale]. – Index. [T. II ; IIe partie] « Bologna, Cracow, Florence, Heidelberg, Prague, and Vienna ». « Bologna » : Schabel (Chris), « The Franciscan Guglielmo Centueri of Cremona’s Bologna Principium of 1368, with an Appendix on Whether God Can Make the Past Not to Have Been », p. 3-60 [Les vestiges de la pratique des principia à la faculté de théologie de Bologne. Malgré une longue histoire au cours de laquelle quelque quatre cents étudiants, dont les noms sont connus, lurent les Sentences, on n’en conserve que trois principia, parmi lesquels celui du franciscain Guglielmo Centueri de Crémone. L’article détermine, à partir des lettres pontificales, où Guglielmo lut les Sentences (corrigeant sur ce point Cenci, Kałuza, Marcolino et Trapp) et fait connaître un parcours qu’il estime assez commun chez les franciscains : début des études à Crémone, baccalauréat en théologie à Florence, lecture des Sentences à Bologne en 1368 puis à Paris. Devenu maître à Paris, il fit une brillante carrière de professeur à l’université de Pavie. L’A. met ensuite de l’ordre dans la confusion regardant le texte issu de l’enseignement des Sentences de Guglielmo. L’immense question du manuscrit de Fribourg (Suisse), Couvent des Cordeliers 26 n’est pas, comme on l’a cru, une distinction du l. II mais un principium donné à Bologne en 1368, nouveau témoin textuel qui peut aider à la compréhension de la transmission historique de ces textes. En appendice, édition de la section de ce principium ayant trait au statut modal du passé : si Dieu peut faire que le passé n’ait pas été]. « Cracow » : Baran (Wojciech), « Survey on Principia on Peter Lombard’s Sentences at the University of Cracow », p. 63-130 [La faculté de théologie de Cracovie a elle aussi adopté la pratique des principia ; on dresse le catalogue de dix-neuf de ses membres dont les principia ont été conservés : Lucas de Wielki Koźmin (v. 1357-1412/4), Jean de Kluczbork (v. 1370-1436), André de Kokorzyn (v. 1379-1435), Jacques de Nowy Sącz († v. 1431/4), Nicolas Budziszyn de Cracovie (v. 1382-1424), Nicolas Kozłowski (v. 1378-1443), Benoît Hesse de Cracovie (v. 1389-1456), Thomas Strzempiński (1398-1460), Paul de Pyskowice (v. 1394-1470), Matthias de Łabiszyn (v. 1400-1453), Jean de Dąbrówka (v. 1400-1472), Jean de Słupca (v. 1408-1488), Nicolas Ligatoris de Cracovie (Goleszko) (v. 1410-1480), Matthias de Sąspów (v. 1408-1472), Jacques de Lisów (v. 1420-1475), Michael Falkener de Wrocław (v. 1460-1534). Cette liste fournit une riche matière pour illustrer les tendences éclectiques qui caractérisent la formation théologique à Cracovie entre la fin du XIVe et la fin du XVe siècle. Comme celui de Vienne, il s’est formé un « groupe de Cracovie » marqué par la forte influence de l’augustin Thomas de Strasbourg, qui avait lu les Sentences à Paris en 1334-1335. À Cracovie, l’approche doctrinale incline vers un fidéisme augustinien accommodé avec la pensée dominicaine et les principia traitent particulièrement de la théologie comme science]. « Florence » : Duba (William O.), Friedman (Russell L.), « A(nother) Florentine Principium on the Sentences. The Mystery of the Two “Prologues” in Peter of Trabibus’ I Sentences », p. 133-156 [Il s’agit du cas, unique dans ce volume, de principia tenus hors de l’université, dans un studium mendiant. Pierre de Trabibus lut les Sentences à Santa Croce à l’époque de Dante et a laissé des commentaires sur les quatre livres. Son commentaire du l. I est dans le cas particulier de compter deux « prologues ». Après examen, le premier se révèle un principium introduisant l’enseignement des quatres livres et le second, celui du l. I. La comparaison avec des principia contemporains de Santa Maria Novella montre que les studia conventuels dominicains et franciscains assuraient identiquement deux cours sur les Sentences, l’un pour les débutants qui parcouraient les quatre livres en un an, l’autre avancé, comportant la lecture d’un seul livre en un an. Le prologue général de Pierre est publié ici en appendice. Sur le thème biblique de Sg 3, 15, il comporte l’éloge de l’Écriture et de Pierre Lombard et use du cadre des quatre causes aristotéliciennes en présentant les grandes lignes des quatre livres. Même en comparaison de ses collègues franciscains, le style de Pierre est simple et renonce à l’appareil rhétorique au profit d’un déploiement de sources théologiques]. « Heidelberg » : Fiamma (Andrea), « John Wenck’s Principia on the Sentences (1431) at the University of Heidelberg », p. 159-235 [Présente les fragments des principia de Wenck subsistant dans le manuscrit Tübingen, UB 31, ff. 138r-143r et 150r-155v, qui l’opposent au socius Barthélemy de Maastricht. Après une formation à la faculté des arts de Paris, Wenck « lut » les Sentences en février 1432 à la nouvelle faculté de théologie de Heidelberg. Ses principia sont un excellent exemple de la manière dont le milieu universitaire de Heidelberg adopta la pratique des principia au début du XVe siècle. Son texte témoigne de la présence des principaux éléments structurels des principia à Heidelberg : le sermon avec l’invocation des saints et la recommendatio Scripturae, la protestatio, la quaestio collativa et le débat avec les socii, pour finir une regratiatio ou gratiarum actio. Dans ce dernier morceau, Wenck nomme les personnages prééminents, le recteur Bartolomeo di San Trudone, son maître Nicolas de Jawor, le juriste Jean Kirchem, le médecin Gérard de Hunkirch. La présence de ces représentants des autres facultés montre qu’à Heidelberg, l’intérêt pour les principia de théologie dépassait les murs de la faculté de théologie. Wenck s’intéressait au problème de l’éternité du monde et à la nature du rapport entre Dieu et la création. Son approche de la théologie fait écho à la réforme gersonienne de l’enseignement de la théologie et adhère au retour à l’opinio communis des théologiens classiques tels que saint Bonaventure et saint Thomas d’Aquin, ce qui pose la question du rôle de la via Marsilii, principale école, albertiste, introduite à Heidelberg par Marsile d’Inghen, que Wenck paraît avoir abandonnée. « Prague » : Brînzei (Monica), « The Cistercian Matthew of Zbraslav, socius of a Pre-Radical Jan Hus, and Their Prague Principial Debate », p. 239-279 [La pratique des principia à la faculté de théeologie de Prague : celui de Matthieu de Zbraslav sur le l. II, dans le manuscrit Leipzig, UB, 418 est tout ce qui reste de sa participation aux débats principiaux tenus à Prague en 1408-1410. Il y a trois raisons à l’étudue du texte de ce bachelier cistercien de l’abbaye de Zbraslav : 1) c’est un témoin significatif de la pratique des principia à Prague ; 2) sa confrontation avec Jan Hus éclaire la pensée de celui-ci avant qu’il se trouve au centre des controverses et révèle quelque chose de sa personnalité à l’époque où il était bachelier en théologie ; 3) l’échange doctrinal entre Matthieu et son socius, Hus, est précieux vu le peu qui nous est parvenu des débats principiaux tenus à Prague. En appendice figure une édition des restes des principia de Matthieu, traitant de sujets tels que Dieu comme unique principe de création, l’éternité du monde sensible, l’idée d’un archétype mental des choses créées et si l’Incarnation doit être associée à la rédemption]. « Vienna » : Lukács (Edit Anna), « Prêcher sur les Sentences : sermons sur l’œuvre du Lombard à la bibliothèque des Dominicains de Vienne », p. 283-303 [Met en avant l’étroite relation entre le couvent dominicain et la faculté de théologie de Vienne. Une collection négligée de manuscrits provenant de la bibliothèque du couvent contient des sermons de principia. L’absence de questions disputées manifeste l’intérêt porté à l’aspect rhétorique de ces exercices et les exemples conservés (mss Vienne, Dominikanerkonvent, Cod. 68/289 et Cod. 235/293) font connaître la manière dont les théologiens de Vienne et de Cologne se préparaient à la composition de ce genre de textes. Ce qui reste de Cologne est révélateur du legs de saint Thomas d’Aquin en tant que modèle de développement d’une pensée théologique. En ce qui concerne Vienne, un intérêt particulier pour le l. IV des Sentences avec un accent prononcé mis sur les questions eucharistiques domine dans les sermons. Les éléments techniques relevés dans les sermons principiaux de Paris et d’Oxford tels que le thème biblique, l’éloge de Pierre Lombard et le revendication de la supériorité de la sagesse théologique par rapport à la connaissance philosophique se trouvent aussi chez les théologiens viennois. Il se peut que ces discours principiaux aient été rassemblés pour servir de modèles rhétoriques pour leurs cours sur les Sentences à de futurs candidats] ; Zahnd (Ueli), « Disputing without socii : The Principium on Book IV of Conrad of Rothenburg, Vienna 1408/09 », p. 305-330 [Les principia à la faculté de théologie de Vienne, d’après le cas particulier de Conrad de Rothenburg, seul bachelier à lire les Sentences en 1408-1409. Cette exception modifie le déroulement des principia, qui impliquaient normalement confrontation avec des socii. Le dialogue est ici réduit à un monologue. Encore son témoin unique, le manuscrit de Klosterneuburg, Stiftsbibl. 315, ff. 262v-269r, n’en conserve-t-il qu’un fragment, un seul article du quatrième principium. Après la description des caractères généraux des principia de Vienne et un catalogue des textes qui en sont conservés et qui montrent la place conséquente qu’y occupait ce genre, on considère la structure inhabituelle qu’y prenait le débat : une « question globale » énoncée au début du premier principium était divisée en quatre « questions particulières », traitées, chacune, dans un des quatre principia. Chacun d’eux se divisait en une protestatio, la présentation des éléments structuraux, et la réponse. Dans le cas particulier de Conrad, le débat manquant fut suppléé par un développement considérable des thèses (conclusiones) au moyen d’un débat imaginaire avec des autorités modernes. Conrad s’intéresse à l’eschatologie, absente du commentaire des Sentences de Nicolas de Dinkelsbühl qui servait alors de base à l’enseignement des Sentences à Vienne, ayant été joint à un « manuel » que les enseignants de la faculté de théologie utilisaient mot à mot. Conrad suit cette tendance générale au recyclage, intégrant à son principium des passages d’autres commentaires en circulation à Vienne. L’A. fournit un schéma de ses sources et conclut sur les particularités de cet enseignement viennois, peu propices à l’innovation] ; Esu (Matteo), « Peter of Pirchenwart’s Textual Workshop from his Principium IV (1417) », p. 331-378 [Présentation du principium sur le l. IV de Pierre de Pirchenwart, dont la biographie montre l’implication dans la vie intellectuelle et administrative de la ville de Vienne : il fut membre du Collegium Ducale, doyen des facultés des arts et de théologie, recteur, orateur, chargé d’inspections et arbitrages, prêcheur influent contre l’hérésie hussite ; avec cela une personnalité impétueuse et sujette à querelles rapportées dans les actes de la faculté de théologie. Son principium est transmis par l’unique manuscrit Gottweig, Benediktinerstiftsbibliothek 261 (272) ff. 1ra-14vb et édité en fin de volume. On étudie ses méthodes de réemploi textuel, faisant appel à ses précédents principia biblica sur Baruch et Matthieu, au principium sur Baruch de son collègue plus âgé Conrad de Rothenburg, à ses propres Quaestiones in IV Sententiarum et au socius visé dans le troisième article, le mathématicien Jean de Gmunden, dont les principia, perdus, peuvent être reconstitués quant à leur structure et leur teneur générale. L’analyse en profondeur des relations avec les sources (inspiration, remploi, copie littérale sans citation, références explicites) donne accès à l’ « atelier » de l’auteur et permet de mieux saisir les modalités concrètes de la production textuelle à l’université de Vienne] ; Esu (Matteo), Zahnd (Ueli), « A Joint Edition of Conrad of Rothenburg’s and Peter of Pirchenwart’s Principia on Book IV of the Sentences », p. 379-445 [Édition conjointe des principia de Conrad de Rothenburg et de Pierre de Pirchenwart sur le l. IV des Sentences, qui fait voir les parties communes aux deux textes. Index.
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean-Pierre Rothschild (31 janvier 2025). Brînzei (Monica), Duba (William O.) [dir.], Quid sit homo. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/137s3