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Berthier (Mathilde) [art.],

« La place des femmes dans le duel judiciaire : la formation des bretteuses à travers les Fechtbücher des maîtres d’armes de la tradition germanique (fin XIIIe-XVe siècle) », Questes 45, 2023, Corps féminins, p. 19-34. Notice de QSH. Plan de l’étude : Le duel judiciaire mixte (Un combat adapté ; Un combat codifié ; Une réappropriation du duel judiciaire classique) ; Le duel judiciaire mixte : égalité des chances ou égalité des sexes ? (Une uniformisation dans l’enseignement des techniques ; Un rééquilibrage des forces) ; Une nouvelle clientèle pour les maîtres d’armes (Un programme éducatif spécifiquement conçu pour les femmes ; Un entraînement exigeant réalisé en un temps record ; Un enseignement soigné et efficace). – La femme au moyen âge fait partie des inermes, ceux qui ne peuvent se battre et à qui l’on interdit le port de l’épée. Elle ne peut ni ne doit donc jouer un rôle actif dans le duel judiciaire. En dépit de figures de la mythologie médiévale et de la fantasy moderne, les femmes duellistes sont donc extrêmement rares à la fin du moyen âge et bien éloignées de l’idée que l’on pourrait s’en faire. Pourtant, l’étude des manuels des maîtres d’armes de la tradition de langue allemande fait apparaître d’étonnantes scènes de duel opposant un homme et une femme. On trouve aussi la trace de femmes participant à des duels judiciaires dans des sources très antérieures à ces manuels. Ainsi à Berne en 1288, les sources évoquent la victoire d’une femme contre son mari en duel judiciaire. Bien qu’en théorie autorisées à combattre en duel judiciaire, les femmes sont supposées pourvues d’un corps inapte au combat et à l’effort physique en général. Dès lors, les conditions du duel judiciaire mixte compensent l’infériorité physique supposée de la femme vis-à-vis de l’homme ainsi que son inexpérience de l’art du combat. Ce combat adapté est repris par les maîtres d’armes de la tradition allemande, en particulier dans les manuels du XVe siècle : l’homme se voit imposer un handicap, étant semi-enterré dans une petite fosse. Les coups qu’il porte ne dépassent donc pas la longueur de son bras ; il ne dispose en guise d’arme que d’une masse, voire un simple bâton. La femme qui, inermis, n’a pas le droit de verser le sang, ne possède de son côté qu’une sorte de fronde, un linge lesté d’une ou plusieurs pierres. Il s’agit pourtant d’un combat à mort où aucun traitement de faveur n’est accordé à la femme. La codification de l’affrontement s’apprécie surtout à travers les vêtements imposés à chacun des combattants. Les manuels de combat de la fin du moyen âge donnent une nouvelle définition à la guerre des sexes : le duel judiciaire mixte apparaît une reprise adaptée des thèmes et codes du combat entre hommes. L’apprentissage de la lutte permet à la femme de se réapproprier le duel judiciaire. – Ouvrages d’ars dimicatoria ici convoqués : Tower Fechtbuch, Leeds, Royal Armouries, ms. I.33 (vers 1270-1320), f. 32 ; Hans Talhoffer, Alte Armatur und Ringkunst, Bibliothèque royale du Danemark, ms. Thott 290.2°, dit « manuscrit d’Ambras » (1459), ff. 80-84 ; id., Talhoffer Fechtbuch, Munich, Bayerische Staatsbibliothek, cod. Icon 394a (1467), ff. 122v-126 ; Paulus Kal, Fechtbuch, Bayerische Staatsbibliothek, Cgm 1507 (ca. 1470), ff. 49v-51 ; id., Solothurner Fechtbuch, Soleure, Zentralbibliothek Solothurn, Cod.S.554 (vers 1506-1514), ff. 57-58 (copie plus ou moins exacte du précédent).


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Jean-Pierre Rothschild (29 septembre 2024). Berthier (Mathilde) [art.], Quid sit homo. Consulté le 11 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12doo