« Fama : Public Opinion as a Legal Category: Inquisitorial Procedure and the Medieval Revolution in Government (12th-14th centuries) », Micrologus 32, 2024, p. 153-194. Notice de QSH. La fama communis ou publica (« réputation, renommée ») a tenu un rôle croissant dans les sources juridiques à partir de 1150-1200. Sa signification nouvelle est à relier au développement, dans les juridictions ecclésiastiques aussi bien que séculaires, de procédures de nature inquisitoriale. La fama devint inséparable de la justice inquisitoriale, au cœur d’une révolution judiciaire et gouvernementale qui fut aussi, plus largement, socio-politique et cognitive. Les médiévistes échappent difficilement à la tendance à considérer la fama comme un donné factuel, tel qu’il est présenté dans les sources. Mais la fama a toujours eu besoin de la validation de l’autorité judiciaire pour prendre effet, c’est-à-dire pour recevoir une valeur juridique en tant qu’élément de preuve, susciter un procès, autoriser un témoignage ou motiver le recours à la torture. Elle devint l’élément-clef d’un système de communication dominé par les autorités centrales. Loin d’être une force émanée de l’auto-organisation de la société, la fama était indissociable des relations de pouvoir impliquant les institutions centrales en cours de développement et à vocation publique, ainsi que les communautés qu’elles réunissaient sous leur contrôle. La fama résultait d’un cadre de « négociations » entre les institutions et la société spécifique des premiers siècles du pouvoir central en Occident. La compétence et la prérogative de la véridiction étaient le monopole des autorités publiques et le fondement d’un mode spécifique de gouvernement, les stratégies des acteurs individuels et des institutions s’organisant en fonction du couple fama/veritas.
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Jean-Pierre Rothschild (2 septembre 2024). Théry-Astruc (Julien) [art.], Quid sit homo. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1286n