« ‘‘Sorcière’’, ‘‘fils de vaudois’’! Comment réagir face à la rumeur infamante de sorcellerie ? (duché de Savoie-Suisse occidentale, XVe-début XVIe siècles) », Micrologus 32, 2024, p. 371-402. Notice de QSH. La sorcellerie diabolique et sectaire est, d’après les sources à partir du XVe siècle, un crime imaginaire largement établi sur la foi de rapports oraux. La rumeur publique (vox et fama publica) rapportée par des témoins au tribunal et la dénonciation constituent le crime. Celui de sorcellerie, plus encore que l’hérésie, emprisonnait suspects et accusés dans la machinerie de la diffamatio dès lors qu’elle recevait valeur de preuve. Comment réagir ? La richesse de la documentation ouest-helvétique permet d’examiner la question de la fama sous des angles divers. On considère d’abord ici quatre moyens de défense ou de résistance de particuliers diffamés : le serment purgatoire, le recours à un avocat, le dépôt de plainte pour injure et la condition d’avoir été dénoncé à l’occasion de trois procès différents. Dans une deuxième partie, une étude de cas éclaire les réactions politiques à la chasse aux sorcières, en particulier en ce qui regarde les dénonciations abusives, visant à contrôler, si non à limiter, la répression. Dans le but de faire pièce à l’inquisition dominicaine, les communautés urbaines et des autorités comme les États de Vaud recouraient au prêcheur carme Humbert de Costa, auteur vers 1469 d’un De synagoga demonum contre la réalité du crime de sorcellerie ; cet ouvrage récemment découvert, en cours d’études, est connu pour l’instant par les mss Cité du Vatican, BAV, Vat. lat. 1055, ff. 1r-105v ; Oxford, Bodleian Library, Laud Misc. 560 (S.C. 1224), ff. 1r-88v O et Metz, BM 482, f. 229r-290v ; voir F. Mercier, M. Ostorero, « Résister à la chasse aux sorcières: le De synagoga demonum d’Humbert de Costa (O. Carm.), c. 1470 », dans M. Ostorero, S. Parent [dir.], Contester l’inquisition (XIIIe-XVe siècle), Rennes, P.U.R., 2024 ; eid., « L’Université de Paris face à la sorcellerie démoniaque et à la magie au XVe siècle », dans M. Cavina [dir.], L’università davanti alla stregoneria in Europa tra medioevo ed età moderna, Bologne, 2022, p. 239-257 (247-257).
OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean-Pierre Rothschild (2 septembre 2024). Ostorero (Martine) [art.], Quid sit homo. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/1286j