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Christie-Miller (Ian), Roudaut (François) [éd.]

Jean Thenaud, Traicté de la Cabale, Paris, Classiques Garnier, 2e éd., 2023 (1e éd.: 2007), 481 pages ill. en noir et blanc + 28 ill. hors texte en noir et blanc («Textes de la Renaissance», 124). Notice de QSH. Issue de la réélaboration d’une thèse par son auteur avec la collaboration d’un spécialiste confirmé, voici la réimpression d’un témoin de la portée de la kabbale chrétienne et de ses limites dans la haute société française du début du xvie siècle. Le cordelier poitevin Jean Thenaud (fin du xve s.-vers 1542) rédigea pour le roi François Ier et à sa demande deux traités successifs, La saincte et très chrestienne cabale metrifiée (ms. Paris, BN(F), f. 882) en 1519-1520, puis, en prose, le Traicté, ou La Cabale et l’estat du monde angélic ou spirituel, en 1520-1521 (mss Paris, Bibl. de l’Arsenal 5061, exécuté en 1521, sans doute la copie de présentation au roi ; Genève, Bibl. Publique et Universitaire, fr. 167, copié par Thenaud lui-même en 1536 ; Nantes, BM 521, copié au xviie s.). Thenaud s’était rendu en mission diplomatique en Orient (il en a publié le Voyage et itinaire (sic) de oustre mer… Dangoulesme jusques au Cayre) mais ne connaît guère l’hébreu et s’appuie surtout sur Marsile Ficin, Jean Reuchlin, Pic de la Mirandole, Georges de Venise et d’autres sources latines (l’index des références signalées dans les notes au texte, p. 457-465, permet d’en mesurer l’ampleur, d’Agrippa de Nettesheim à Zoroastre). L’entreprise, nullement anecdotique, vise, plus même qu’à la conciliation de toutes les traditions de pensée, à la reconstitution de leur généalogie : Pythagore, père de la philosophie, a pu être juif ; il est en tout cas regardé comme inspiré par le savoir ésotérique des juifs. Les six traités de l’ouvrage présentent respectivement les quatre mondes (angélique, céleste, élémentaire et humain, surtout d’après l’Heptaplus de Pic de la Mirandole) ; l’immortalité des âmes (surtout d’après Marsile Ficin) ; le monde angélique (d’après le Ps.-Denys l’Aréopagite) ; la kabbale des Hébreux (selon Reuchlin) ; celle des chrétiens (Raban Maur, De laudibus s. Crucis) ; les rapports entre les quatre mondes.

Le texte est édité d’après le ms. de l’Arsenal, avec ses paratextes ; les variantes du ms. de Genève, copié par Thenaud, sont imprimées p. 401-428 ; la langue du xvie siècle est respectée (glossaire p. 445-455) ; les citations latines insérées sont traduites dans les notes, profuses, qui fournissent aussi des clarifications doctrinales et surtout de longs parallèles avec les sources. L’illustration, de mauvaise qualité technique, aide cependant à se représenter les nombreuses configurations kabbalistiques évoquées par le texte. Brève bibliographie non mise à jour, p. 429-444 ; index des sources du traité nommées dans les notes ; index des noms. Peu de détails sur la réception éventuelle de l’ouvrage (apparemment, limitée : trois copies, dont une destinée au roi ; pas d’édition imprimée).


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean-Pierre Rothschild (30 juin 2024). Christie-Miller (Ian), Roudaut (François) [éd.]. Quid sit homo. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/11woy