Melchior Junius, Sept discours tirés des historiens (1598), Paris, Classiques Garnier, (déc.) 2023, 329 p. (« Textes de la Renaissance », 250). Notice de QSH. On édite et commente ici les analyses rhétoriques de sept discours puisés dans les ouvrages d’historiens modernes, que Melchior Junius (Johannes Sommer ; 1545-1604), élève de Melanchthon et de Sturm, avait réunis et analysés avec cent soixante-dix autres dans l’Orationum ex historicis tam veteribus, quam recentioribus… en 1598. On replace d’abord cet ouvrage dans la tradition des conciones ou recueils des discours insérés par les historiens, au point de départ de laquelle se trouve Joachim Périon, T. Livii Patauini conciones…, Paris, S. de Colines, 1533, puis In omnes T. Liuii conciones, Bâle, Winter, 1545 (deux cents discours), suivi par le très volumineux Conciones siue orationes ex Graecis Latinisque historicis excerptae, [Genève], H. Estienne, 1570, et qui s’est poursuivie, en France, jusqu’à la fin du XIXe siècle et à l’évincement de la rhétorique de l’enseignement secondaire (jusqu’à J. Girard, Choix de compositions françaises et latines […] des meilleurs élèves de l’université moderne, Paris, Hachette, 1875) ; v. ici, p. 261-266, la situation historique de ces derniers recueils. La production des conciones se justifie elle-même par la nécessité d’apprendre la prudencia et la délibération pour gouverner les affaires incertaines du monde, soit un ensemble de règles à maîtriser tout en sachant s’en affranchir à l’occasion, comme en l’art de la guerre, ce qui s’apprend en étudiant la manière dont un grand nombre de circonstances politiques ont été analysées et résolues par des esprits avisés. Les discours retenus proviennent de l’Histoire d’Écosse de Buchanan, de l’Histoire de son temps de Giovio et des Mémoires des frères Du Bellay, dont les circonstances historiques font l’objet de notices détaillées et dont l’analyse rhétorique est expliquée et commentée. Pour chaque discours, Junius propose une division du texte avec un repérage des arguments (d’éthos [mores] et de pathos [motus]), suivis d’une analyse (resolutio). Une « postface » copieuse et assez technique (p. 233-260) met en question l’opposition binaire entre éthos et pathos en suivant une voie qui même de l’éthos « comme caractère » (Junius : decorum) à l’éthos « comme émotion », seulement moins violente que le pathos, et illustre son propos de l’analyse de deux discours supplémentaires que Junius a repris de Pietro Bembo (1470-1547). Trois annexes sont consacrées respectivement à une réécriture de l’un des discours au Lycée Louis-le-Grand en 1827 et à la fin évoquée plus haut de la tradition des conciones en France ; à Junius à l’Académie de Strasbourg (devenue université seulement en 1621) et à la liste de ses œuvres ; aux travaux du centre de recherches Rhétorique de l’Antiquité à la Révolution (« RARE ») créé en 1998. Bibliographie, p. 299-310 ; index des noms de personnes, index des termes de rhétorique.
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Jean-Pierre Rothschild (27 mai 2024). Ferretti (Giuliano), Goyet (Francis) [éd.] ; Di Meglio (Charles) [collab.]. Quid sit homo. Consulté le 12 février 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/11u97