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Thornton (Ryan) [monogr.]

Franciscan Poverty and Franciscan Economic Thought (1209-1348), Leyde-Boston, Brill, 2023, XI-344 p. (« The Medieval Franciscans », 21). Notice de QSH. (Introd.) Manière dont la pauvreté franciscaine a déterminé la pensée économique franciscaine aux XIIIe et XIVe siècles. Outre l’approche critique nouvelle de la pensée franciscaine inaugurée par Paul Sabatier, les premiers travaux ayant précisément touché à leur pensée économique furent ceux de Joseph Schumpeter, History of Economic Analysis, New York, 1954 (posthume) et John T. Noonan, The Scholastic Analysis of Usury, Cambridge (Mass.), 1954. Ovidio Capitani montra peu après que la pensée économique médiévale ne peut être dissociée de son cadre éthique. Raymond de Roover défendit de son côté Schlumpeter contre le désintérêt des économistes modernes pour la pensée médiévale et maintint jusque dans son dernier ouvrage La pensée économique des scolastiques, Montréal, 1971 son caractère fondamental oublié par une économie moderne réduite aux statistiques. Historien comme Capitani, Julius Kirshner insista à son tour sur la dimension spirituelle de la pensée économique médiévale. Dionisio Pacetti montra à dans les années 1950 le rôle de la pensée du Languedocien Pierre Olieu chez saint Bernardin de Sienne. Élève de Capitani, Giacomo Todeschini publia entre 1977 et 1980 une théorie d’interprétation de la pensée économique médiévale (typologie et usage des sources, distinction des niveaux du lexique et de la structure de la pensée, recherche des liaisons d’école à ce second niveau), une analyse de l’œuvre d’Olieu conformément à celle-ci et une édition critique de son De contractibus. Quant aux courants internes à la famille franciscaine, là où Sabatier en avait distingué trois on oppose après lui seulement les Spirituels et les Conventuels. Regardant la pauvreté de et selon François d’Assise, Raoul Manselli scruta non seulement ses écrits mais aussi les sources relatives à sa vie, suivi par Giovanni Miccoli, d’où l’importance prise ultérieurement, par l’heuristique et l’herméneutique de celles-ci, selon la distinction posée par Jacques Dalarun, et par la découverte par celui-ci en 2014 d’un jalon manquant de la tradition des sources. À l’évaluation individuelle des documents prônée par Todeschini Malcolm Lambert oppose dans la deuxième édition de sa Franciscan Poverty (1998) une approche plus globale de ceux-ci pour en dégager les idées, cependant que J. Kirshner et K. LoPrete avaient en 1984 critiqué la méthode de Todeschini et nié l’originalité de la pensée d’Olieu. Lui-même, cependant, illustra en 1994 dans Il prezzo della salvezza la continuité d’une pensée économique chrétienne du IIIe au XVe siècle, exprimée dans une diversité de types de sources, et donna en 2002 dans I mercanti e il tempio une étude extrêmement détaillée du langage économique des penseurs médiévaux. Une autre pierre milliaire de l’historiographie de la question fut en 1992 la somme du professeur d’économie Odd Langholm, Economics in the Medieval Schools. Wealth, Exchange, Value, Money, and Usury according to the Paris Theological Tradition, 1200-1350, qui présentait la pensée de quarante-sept théologiens dont dix-huit franciscains, selon une « approche anticipatrice » révélant la présence sous-jacente d’idées que la théorie économique ne formulerait que plus tard [une sorte de téléologie délibérée ?], et en prenant soin de rattacher en amont leurs idées à la tradition aristotélicienne. Dans un article de 2009, il se détournera d’Aristote pour se recentrer sur Pierre Olieu tout en s’efforçant de persuader les économistes des origines éthiques de leur discipline. Il revenait à Sylvain Piron de démontrer en 2010 que le concept économique de valeur avait son origine dans le commentaire d’Albert le Grand à l’Éthique à Nicomaque ; à Roberto Lambertini, de faire voir en 2016 que la présence de deux termes différents dans la Règle de saint François pour désigner l’argent (denarii et pecunia) allaient conduire les frères à distinguer entre la nature monétaire de l’argent et son sage. Le présent auteur recherche, en considérant la même période riche en écrits d’intérêt pour la pensée économique que M. Langholm, l’effet de la pauvreté des franciscains sur leurs idées économiques. Il définit donc la pauvreté franciscaine dans la vie de François (ch. 1), puis selon ses changements ultérieurs (ch. 2) ; Pierre Olieu et Jean Duns Scot sont ensuite considérés comme témoins de l’effet de la pauvreté franciscaine dans la doctrine économique (ch. 3), puis Giral Ot (Gérard Odonis) comme celui de transformations ultérieures de la notion et des conditions de la pauvreté (ch. 4), la corrélation des deux étant étudiée encore au ch. 5 avec l’action du pape Jean XXII et la pensée de Guillaume d’Ockham et la question de son terme étant posée en épilogue. Le primat a été donné à l’analyse individuelle des textes relevant de genres divers (biographies, exhortations, textes normatifs ou théoriques, morale pratique des traités de confession), et l’on s’est gardé d’employer un langage connoté d’anachronismes, fussent-ils « anticipateurs » au sens de Langholm. On n’a pas, comme Clément Lenoble, L’exercice de la pauvreté. Économie et religion chez les franciscains d’Avignon (XIIIe-XVe siècle), Rennes, 2013, recherché comment les franciscains s’accommodaient des conditions économiques de leur temps mais comment ils réfléchissaient sur elles en fonction de leur propre pratique de la pauvreté.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean-Pierre Rothschild (28 avril 2024). Thornton (Ryan) [monogr.]. Quid sit homo. Consulté le 19 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/11u8y