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Cevins (Marie-Madeleine de), Marin (Olivier) [dir.]

Les saints et leur culte en Europe centrale au Moyen Âge, (XIe-début du XVIe siècle), Turnhout, Brepols, 2017, 382 p., 6 ill. en noir et blanc, cinq en couleurs (« Hagiologia », 13). (Rec. Edina Bozóky, Sehepunkte 24/1, 2024 [15.01.2024] (revue en ligne). Ouvrage qui fait suite à Gabor Klaniczay, Holy Rulers and Blessed Princesses. Dynastic Cults in Medieval Central Europe, Cambridge 2002 et comporte trois parties : I, saints anciens et modernes ; II, l’emprise des ordres mendiants ; III, saints d’implantation et saints locaux. I, P. Kubin : en Bohême, les saints patrons Venceslas et Adalbert gardent leur importance primordiale ; néanmoins le roi de Bohême et empereur Charles IV réussit à introduire Guy (Vitus) et Sigismond, roi martyr de Burgondie, comme saints patrons nouveaux. Avec le mouvement hussite, les martyrs Jean Hus et Jérôme de Prague, brûlés à Constance en 1415 et 1416, suscitent aussi de nouveaux cultes sans approbation de Rome. – D. C. Mengel présente la politique de reliques de Charles IV à Prague. Au cours de ses nombreux déplacements il acquiert une collection qu’il fait déposer à Prague et à Karlstein. – C. Flora : en Transylvanie, à la fin du Moyen Âge, le culte des saintes anciennes et universelles – Dorothée, Catherine et Barbara – prédomine. – O. Gecser : le développement du culte ancien de saint Sébastien et de celui, moderne, de saint Roch est dû à leur rôle de protecteurs contre la peste : Sébastien est invoqué contre elle dès le milieu du XIVe siècle, Roch à la fin du XVe. – E. Csukovits : à partir de la fin du Moyen Âge, certaines régions de la Hongrie sont pillées par les Turcs qui emmènent aussi des hommes en captivité ; l’A. analyse les miracles de libération de prisonniers dans deux recueils de miracles (Ujlak, 1458-1461 et Budaszentlörinc, 1422-1505) ; contrairement à ce qu’on observe dans des recueils des temps féodaux (sainte Foy, saint Léonard), les saints n’interviennent pas directement, ne font qu’encourager les captifs pour s’évader. – La deuxième partie évoque les cultes liés à l’emprise des ordres mendiants. Ch.-F. Felskau : la « fabrique » de sainteté d’Agnès de Bohême (ou de Prague), fille du roi de Bohême Ottokar Ier et de la princesse arpadienne Constance, sœur du roi de Hongrie André II, ayant refusé de se marier et entrée au couvent des Clarisses qu’elle avait fondé en 1234 ; lors de tentatives pour obtenir sa canonisation au XIVe siècle, les lettres que lui avait adressées Claire d’Assise furent produites ; mais la procédure n’aboutit qu’en 1989. E. Konrad : le plus ancien texte en prose hongroise est consacré à la légende de saint François d’Assise et de ses compagnons, dans le Codex Jokai (v. 1440), issu du milieu des Franciscains spirituels. – A. Zajchowska : hagiographie du premier dominicain polonais, saint Hyacinthe († 1257), à travers ses Vitae des XIIIe-XVIe siècle. – A. Reltgen-Tallon : parmi les saints dominicains une place particulière revient aux martyrs de Hongrie, victimes des Coumans et des Tartares. – L. Viallet : le rôle du franciscain Jean de Capistran, envoyé pour prêcher en Europe centrale (1451-1456), dans la construction de la sainteté de Bernardin de Sienne ; lors de ses prêches, il utilisait l’image et les reliques de Bernardin. – III, saints d’implantation et saints de souche. G. Bührer-Thierry : Adalbert de Prague, né en Bohême dans une grande famille, deuxième évêque de Prague en 983, fut chassé de son siège à la fin des années 980. Parti évangéliser les Pruthènes, il subit le martyre en 997 ; son corps récupéré par Boleslav le Vaillant fut déposé dans son centre de pouvoir à Gniezno ; l’empereur Otton III obtint seulement un bras ; Tchèques et Polonais se disputèrent la postérité de son culte en tant que saint patron national. – S. Kuzmova : à Cracovie, le culte de l’évêque martyr Stanislas, premier saint natif de Pologne, prend son essor dès son assassinat par le roi Boleslas II en 1079 ; il s’impose malgré les cultes déjà anciens d’Adalbert, Wenceslas roi martyr de Bohême et Florian martyr romain ; canonisé (1253), malgré les tentatives des ordres mendiants pour propager de nouveaux cultes, il devient le patron de Pologne. – E. Madas : diffusion du culte des saints rois de Hongrie Étienne († 1032), son fils Émeric († 1031) et Ladislas († 1095) dans les sources liturgiques et hagiographiques d’Europe centrale. – I. Gerat : des motifs miraculeux de l’iconographie de saint Ladislas se retrouvent dans les représentations de plusieurs saints « universels » (Georges, Jacques, Antoine du Désert) sur des retables du XVe siècle. H. Patkova : résumé de recherches sur les sources du culte des saints dans les confréries et les métiers de la Bohême médiévale : en dehors des saints auxiliaires « universels », seul Venceslas bénéficie d’un culte, en particulier chez les brasseurs. – M.-M. de Cevins, concluant, souligne  l’attachement aux saints anciens jusqu’au XIVe siècle, une relative lenteur à « moderniser » le sanctoral ; si l’emprise institutionnelle des Mendiants, présents dans la région dès 1220-1230, a été très importante, leur rôle dans l’actualisation du sanctoral ne l’a pas été. Cependant, on peut observer au XVe siècle une certaine vitalité en matière de « fabrique des saints » en Europe centrale. Index des noms, des lieux).


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean-Pierre Rothschild (29 mars 2024). Cevins (Marie-Madeleine de), Marin (Olivier) [dir.]. Quid sit homo. Consulté le 15 mars 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/11u76