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Huijbers (Anne) [dir.]

Emperors and Imperial Discourse in Italy, c. 1300-1500. New Perspectives, Rome, École française de Rome, 2022, V-358 p. (« Collection de l’École française de Rome », 592).

(Rec. Jürgen Miethke, Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung 131/2, 2023, p. 396-399. Actes d’un colloque de 2018 commun aux Royal Dutch Institute, à l’Istituto Storico Italiano per il Medio Evo et à l’École  française  de  Rome comptant quatre études en anglais, cinq en italien et trois en allemand.  Une brève introduction indique une division thématique en quatre parties et un texte final de Claudia Märtl conclut sur « l’apport et les perspectives ». Len Scales traite des « Emperors of Rome: Italy and the ‘‘Roman-German’’ Monarchy, 1308-1452 »: importance de la partie italienne de l’Empire pour les souverains entre le couronnement d’Henri VII de Luxembourg et Frédéric III de Habsbourg. Suivent trois articles qui, à propos des concepts d’imperium et de res publica, étudient les racines idéologiques de leur interaction: Carole  Mabboux éxamine l’emploi médiéval du modèle cicéronien et le sens du concept de res publica  dans l’Italie du XIVe siècle, s’opposant à la présentation de l’ « humanisme civique » proposée avec succès par Hans  Baron il y a près d’un siècle. Anna Modigliani s’attache au sens d’imperium et de res publica dans les lettres, les proclamations et la pratique de gouvernement de Cola di Rienzo dans sa tentative aventureuse pour briser à Rome le pouvoir de la noblesse et, dans sa première période (1343-1347), pour installer un pouvoir tribunitien sur la res publica romaine au nom du lointain pape d’Avignon. Juan Carlos D’Amico rend compte de l’ « idéologie impériale » développée dans l’encyclopédie pratique versifiée et bien répandue Dittamonde qui, au fil de la relation d’un voyage imaginaire en Europe et en Afrique, prodigue des connaissances en géographie, science naturelle, histoire, Bible et mythologie ; il s’y trouve une personnification de Rome qui possède, tel le roi chez Kantorowicz, deux corps, l’un physique et l’autre spirituel, dédoublement qui permet à la Ville de s’unir à deux maîtres. La troisième section a pour objet les « discours impériaux », juridiques et humanistes : Daniela Rando présente la doctrine de l’empereur à l’université de Padoue dans la première moitié du XVe siècle, reprenant après d’autres l’idée des universités comme lieu de communication politique et considérant trois juristes célèbres qui avaient aussi participé aux conciles de Constance et de Bâle : Raffaele Fulgosio (le premier à avoir dénoncé comme un faux la Donation de Constantin), Francesco Zabarella et Antonio Roselli. Deux étudiants de Roselli (l’un d’eux était Johannes Hinderbach, futur évêque de Trente) ont rapporté ses enseignements sur la compétence politique de l’empereur qui témoignent de discussions subtiles sur les pouvoirs d’un empereur élu mais non encore couronné par le pape et d’un traitement de la prétention de l’empereur, d’après le droit romain, à être un dominus mundi. Le Rec. s’étonne que celle-ci, lors du colloque, n’ait été abordée qu’à propos de Louis de Bavière (que son conflit avec le pape Jean XXII avait amené à se présenter comme le seul rex Romanorum couronné par « le sénat et le peuple romain » sans intervention du pape), avec des références à Marsile de Padoue mais non aux juristes, dont l’abondant traitement, en Allemagne, en Italie, en France, en Angleterre, en Espagne et dans le reste de l’Europe, dans la première moitié du XIVe siècle, du pouvoir de l’empereur des Romains est négligé dans ce volume, à la seule exception des humanistes italiens (Albertino Mussato) ; son traitement complexe et précoce par Lupold von Bebenburg, promu docteur en décret à Bologne par Johannes Andreae, n’est pas même mentionné, bien qu’il ait parfaitement distingué le pouvoir de l’empereur dans l’ensemble du monde chrétien et dans les royaumes européens, y compris celui du rex Romanorum allemand. Veronika traite de la rencontre du pape Eugène IV avec l’empereur Sigismond à Rome le 31 mai 1433 à l’occasion du couronnement longtemps différé du second, des points de vue divers des témoins parmi lesquels les humanistes sont particulièrement pris en considération ; les motifs politiques du retard sont scrutés, ainsi que, parmi les témoignages, les lettres de Poggio Bracciolini, secrétaire pontifical, comparées au témoignage de Coluccio Salutati sur la deuxième entrée de Charles IV à Rome en 1368. Traitant lui aussi du « discours impérial »,  Riccardo  Pallotti décrit avec précision le « voyage à Rome » et la politique italienne de Frédéric III, premier empereur Habsbourg (en 1452), et son large écho parmi les humanistes italiens auteurs de traités ou de discours (Flavio Biondo et Gianozzo Manetti, désireux de le voir prendre la tête d’une croisade, de même qu’en 1459, avec aussi peu de succès, Enea Silvio Piccolomini devenu le pape Pie II); l’appendice, p. 180-192, fournit la liste des manuscrits des discours des humanistes italiens à Frédéric. La quatrième section du volume offre un traitement exemplaire des écrits du temps sur l’empereur et ses pouvoirs, à commencer par les plus courts et les plus répandus : Heike Johanna Mierau, à propos de Martin von Troppau et de ses continuateurs, dresse un panorama complet dut traitement des empereurs et de l’empire dans les chroniques universelles tardo-médiévales ; la question se pose toutefois, si véritablement les restes de cette abondante diffusion forment le cadre de la vivace tradition impériale ultérieure. L’organisatrice du colloque étudie deux exemples de ce type des sources. Rino Modonutti examine le traitement par l’un des principaux historiens du XIVe siècle, Albertino Mussato, dont il a récemment édité plusieurs œuvres, du bref règne d’Henri VII. Pour conclure, Alexander Lee considère les représentations humanistes du couronnement de Sigismond en particulier chez Coluccio Salutati et Leonardo Bruni, de manière plutôt superficielle selon le recenseur : Salutati ne cherche rien d’autre en l’occurrence qu’à promouvoir une certaine politique florentine ; plus généralement, l’Italie du temps avec ses propres remous n’est sans doute pas le lieu propice à l’étude d’un « discours impérial » cohérent. – L’ouvrage comporte un index nominum).


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Jean-Pierre Rothschild (20 février 2024). Huijbers (Anne) [dir.]. Quid sit homo. Consulté le 18 avril 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/11u6d